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Saliou Diop CISSÉ

Qu'a voulu dire Pathé dans son roman?

J'AI ÉCRIT UN ROMAN, JE NE SAIS PAS DE QUOI ÇA PARLE... Roman Pathé Dièye Collection : Harmattan Sénégal AFRIQUE SUBSAHARIENNE Sénégal

Une note de lecture de l'écrivain Saliou Diop CISSÉ


La lecture du roman de Pathé Dièye que j’ai souvent appelé Patherson avec toute la concision qui sied, fut comme un cocktail du soir pris en toute intimité avec son amant(e) à la belle étoile, tout en étant oublieux à l’égard du temps qui fuit, à l’égard de la pénombre qui plie ses nattes pour annoncer l’aube signalant ainsi, ses incisives.

Ce roman, sans doute l’un des meilleurs de l’année, restera un panaché de leçons par monts et par vaux, se rapportant à la vie, qui transcendera les générations, au-delà de la fiction sous la bannière de laquelle, il est concocté. N’eussent été pas la logique qui le gouverne, la liaison forte entre les scènes qui y sont décrites , la cohérence qui juxtapose tous les scénarios qui y sont peints , ce roman pourrait être pour certains dialecticiens l’annale des philosophies et préceptes moraux les plus marquants du siècle, compte tenu de leur acuité. Ce roman à garder comme un bijou à l’éclat diamantifère, au musée des arts, est écrit par un jeune romancier dont l’éducation militaire qu’il a reçue de son papa et son pragmatisme se lisent à travers le style singulier qui sous-tend son écriture. Que de rigueur!! Que de respect éprouvé à l’égard de la noblesse de la littérature! Ce Pathé, notre Pathé a su , dans un contexte d’effondrement des murs de l’art, honorer les lettres en attribuant à leur maniement la médaille de la sommité sur la pyramide des neuf beaux-arts les plus répandus dans le monde. Si l’auteur est vraiment le reflet de la génération d’écrivains à laquelle il appartient, il sera donc, très difficile de freiner ces jeunes plumes qui, à vive allure, raclent les fonds des encriers, zappent les méthodes classiques et orchestrent le parricide intellectuel et artistique et la fin du mimétisme pour acter le renouveau de la littérature africaine.


De façon subtile, l’auteur expose les péripéties, les tours et les contours de la vie d’une orpheline de mère d’abord, avant sa naissance, puis de père pendant qu’elle était encore gamine.
Choyée, couvée, kidnappée, torturée, marginalisée puis délaissée, Charlotte, l’héroïne de ce récit, passe toutes les étapes de la vie et parvient à atteindre le sommet de la « gloire » terrestre sans prendre une fois l’ascenseur.

N’ayant pas l’aval de l’auteur pour tenter de rédiger le synopsis de l’œuvre, notre note consistera tout simplement à écrire des lignes dont nous ignorons à présent, le contenu, leur soubassement et l’idée qui les chapeautera.



Bien peaufiné, bien agencé , le texte intégral de l’histoire comporte des codes et des messages dont le fond est tout sauf soporifique. Tel un orfèvre, l’auteur a rendu son œuvre toute scintillante au point que sur le plan formel, la masse de coquilles dactylographiques n’égale pas le milligramme.

Par ailleurs, chaque page, chaque paragraphe, chaque passage dans ce texte , constitue un périple à la découverte de soi , à la rencontre des destinées humaines, des séquelles d’une humanité malade et paralytique, des manigances paralympiques en dehors du conventionnel, au paradoxe de la vie, à l’absurdité de la vie, à la légitimité des décrets divins, à l’hétérogénéité de la mixture cosmique (...). Chaque faux jugement porté par la société à l’endroit d’un individu ressort dans ce roman. Chaque mal dérivé des quolibets, source de plaie incurable, ressurgit dans les lignes de cette histoire fascinante. Les mouvements intersidéraux qui ont conduit la vie de l’héroïne sous le soleil ardent et le témoignage de la lune , éventent encore une fois, aux yeux du lecteur, la délimitation normale des parcelles de compétences. Les cicatrices invisibles de Charlotte, ses blessures et son espoir zigzagué de temps en temps , et qui ont fini par lui décerner des atours et dorures , ont prouvé qu’il y a des équations qui relèvent de la compétence de résolution du seigneur et d’autres que l’homme condamné à subir les coups de la vie , peut résoudre, mais avec beaucoup d’ingéniosité et d’humilité.


Ce chef d’œuvre est dans une autre logique, un carrefour où se rencontrent les peines, les religions, les besoins variables selon les zones et selon ceux qui les éprouvent, le présent, le passé, le futur. C’est aussi une vitrine où sont exposés tous les canevas qui servent d’armes à la vie, à la politique, à la justice sociale et, tous les ingrédients qui tendent vers la probité, la bravoure, le civisme et l’éveil.

J’ai cru être au début, en contact avec un récit sous la dictée de la monotonie et de l’évidence, mais, bien avant les 20 premières pages, je me suis rendu compte que le principe dans ce livre est l’illogisme dans la vie et la logique en constitue une exception. C’est au moment où je m’apprêtais à dire que « le Sénégal en lignes » ou la « Dissertation de la vie » ferait l’un ou l’autre, un bon titre pour ce roman, c’est à cet instant que j’ai eu avec l’esprit net, que les codes universels qui y sont émis, les leçons adressées à l’humanité qui le foisonnent, les équations mondiales qui y sont répertoriées, ôteraient à ce choix toute pertinence. Finalement, je me suis éloigné de la bêtise de vouloir attribuer à ce roman un titre nonobstant la cohérence qui le supporte. Heureusement pour moi!


Mon cher Pathé,

J’ai lu les remerciements adressés dans la plus grande loyauté aux personnes qui te sont chères,

J’ai parcouru le prologue qui a bien annoncé les couleurs de l’histoire de charlotte ( apprenti de car rapide pendant onze ans),

J’ai été témoin de la mort inopinée et « injuste » du père de Charlotte,

J’ai lu la lettre d’adieu de Niokhor adressée à sa sœur Dibor,

Dans l’émotion, j’ai assisté à la cérémonie marquant l’entrée de Charlotte à l’école des Sœurs,

Même si je n’ai pas pu assister à l’enterrement du petit Amir, j’ai pleuré pour sa mort tragique et les quolibets que Charlotte a encaissés de la mère du défunt avant d’être jetée à la rue

J’ai vu Charlotte s’échapper à la tentative de viol des vautours de la rue pendant qu’elle était adolescente de la rue,

J’ai vu Charlotte réclamer aux clients le billet du transport derrière le car de Iba puis, au volant de son propre car rapide,

J’ai pleuré et compati à la douleur de Charlotte quand le médecin lui disait qu’il ne lui restait que cinq mois à vivre au maximum à cause de son cancer très avancé,

J’ai vu Charlotte végéter en attendant le coup de sifflet final,

J’ai assisté à l’opération historique de Charlotte et au triomphe de la science

J’ai intériorisé les cours civiques, politiques et économiques dispensés à travers les pas de Charlotte (...)


Jusqu’à l’accession de Charlotte à la magistrature suprême en passant par son mariage et à la conception de son projet de société, je me suis intéressé au moindre fait, évènement et geste afférent au récit, mais je retiens que vouloir donner à ce beau roman un titre, serait le segmenter à tort, serait lui ôter certaines de ses pages, serait absorber certaines de ses belles idées. Même le parcours de l’épilogue n’a fait qu’emplir mon cœur de joie et de satisfaction mais, ne m’a pas aidé dans cette aventure consistant à détecter le titre qu’il faut coller à cette œuvre.

Pour faire simple, c’est avec beaucoup de regret que je t’affirme que je ne sais pas de quoi parle ton roman. Ah qu’il est beau ! Ah qu’il est éclectique dans son contenu! Ah qu’ils sont comestibles l’histoire et ses ponts!


Pour terminer, je dirai; même si l’exagération y est bien présente et la subjectivité dans une moindre mesure, le style est atypique, l’histoire ambivalente et croustillante et au final, nous sommes en mesure de dire qu’un beau roman est né et au-delà, un grand romancier pour parler comme Mariama Bâ.



Saliou Diop CISSE , Juriste, poète, chroniqueur

Auteur du recueil Prologue d’une plume promeneuse


À LA FRATERNITÉ


INDICATIONS SUR L'OUVRAGE:


Ce récit se déroule partout et nulle part. Sur une parcelle de garage, sur un carreau du Palais, sur le trajet d'un car rapide. Les personnages sont toi, moi, elle, vous, nous tous. Nous y trouvons nos quotidiens, nos rêves aboutis et brisés, le refrain de notre idéal commun, l'écho du rugissement des lions et lionnes de la tanière. C'est un long couloir, et ça va dans tous les sens. Vous rencontrerez des talibés et des ministres, des apprentis et des professeurs, des amoureux et des rêveurs. L'essentiel c'est qu'on y parle de nous, mais les ramifications sont tellement nombreuses que l'auteur écrit un roman et ne sait pas de quoi ça parle. Alors, lisez, et donnez votre titre !

· Date de publication : 21 décembre 2020

· Broché - format : 13,5 x 21,5 cm • 248 pages

· ISBN : 978-2-343-21990-5

· EAN13 : 9782343219905

· (Imprimé en France)

Site de vente: librairie L'harmattan de Dakar, 10 VDN en face Mermoz / BP 45034 Dakar Fann

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