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Notre vraie peur, au-delà de celle de nous vacciner…

"Le vaccin n'est pas efficace". " Je n'ai pas confiance au vaccin ". " Ça risque d'amener des effets secondaires graves sur la santé " etc. Ces avis qui font mauvaise campagne au vaccin, qu'ils soient des rumeurs ou des faits justes et vérifiés, aux spécialistes d’en juger, révèlent un problème plus profond: le manque criard de confiance des citoyens à l'égard de leurs dirigeants et une gouvernance mondiale devenue plus que jamais une scène de compétition plutôt que de collaboration pour une réponse collective à une crise sanitaire mondiale.


On ne manque pas de confiance au vaccin, on manque de confiance à ceux qui parlent de ce vaccin


Au plan national : les dégâts d’une crise de la confiance


Les citoyens sont longtemps invisibilisés dans une machine de manipulation et leurs doléances ne sont pas véritablement prises en compte. Dans cette entreprise de confiscation du pouvoir dans une démocratie de surcroît, la voix du citoyen ne fait écho qu'en période de campagne électorale. Le seul temps où on accepte de l'écouter. Juste pour la forme !

Les débris de ce machinisme d’une démocratie où tous les leviers de participation du citoyen sont ignorés, tombent sur les dirigeants d’aujourd’hui. Ils portent, impopulaires, le virus du désamour des gouvernés. Sans aucun crédit, leurs propos s’envolent désormais comme des cendres et empoussièrent la place publique où on passe, dégouté. Chute magistrale de la confiance.


Si on prend l’exemple d’un pays comme le Sénégal, la voix d’un(e) influenceur (euse) pèse plus que celle institutionnelle. Quant à celle du chef religieux, je vous laisse conclure. La pandémie, tel un tremblement de terre, en prouvant la négligence des financements sur les politiques sanitaires et sur des secteurs prioritaires, a transformé la figure de l’Homme politique en chiffon méprisable.

Lorsque cet Homme politique, persona non grata, parle du vaccin, les réactions sont une occasion, non pour donner nécessairement un avis sur la politique de vaccination, encore moins sur sa validité scientifique, mais d’exprimer les déceptions, les frustrations, l’envie de nouveaux horizons.


Sur la scène internationale : le « chacun pour soi vaccinal » est le nouveau spectre du jeu des puissances

La gouvernance mondiale de cette crise montre encore que les acteurs des relations internationales s’accrochent bien à l’approche réaliste comme seul paradigme d’action sur ce théâtre en étant prêts à transformer en scène de compétition vers la puissance toutes les souffrances et inquiétudes qu’on pose entre leurs mains.


Dans cette foire aux vaccins, les grandes puissances du monde, plus que des marchés, cherchent des alliés, veulent étendre les tentacules de leur influence.


© AFP


A côté de l’initiative Covax mise en place conjointement par l'OMS et l'Alliance pour les vaccins (Gavi), le nationalisme vaccinal dicte le pas de la riposte contre le virus. Comme la traditionnelle course aux armements ou encore au nucléaire pour peser sur l’échiquier mondial, la Chine charme avec son Sinopharm, alors que la Russie lance Spoutnik-V. Les Américains dominent cette course aux vaccins avec Pfizer et Moderna, et les Allemands ne sont pas en reste avec BioNTech.


Vu la configuration de cette géopolitique des seringues, il semblerait qu’avoir une bonne position de force soit la priorité sur une victoire collective contre la covid-19.

Malgré les belles déclarations en faveur de la coopération mondiale, le chacun pour soi vaccinal semble être la réalité. Les pays riches qui représentent 13% de la population mondiale ont déjà acheté la moitié des vaccins disponibles. Donal Trump, fidèle à son slogan « America first, avait pris les devants en achetant plus du double de la quantité de doses nécessaires pour vacciner les américains. Le Canada a prévu des stcoks qui équivalent à la quantité nécessaire multipliée par cinq. Pendant ce temps, les pays sous-développés comptent sur la plateforme Covax de l’OMS. N’ayant pas les ressources financières nécessaires, Covax espère se réaliser avec les excédents de doses des pays comme la Chine, la Russie, l’Union Européenne etc.

Chaque pays suit sa stratégie et distribue sur le marché, des liens se font, des divorces adviennent, de nouvelles alliances redessinent sur fond de virus, les bactéries de la puissance.

L’Afrique, fidèle à ses étiquettes, suit la course sur les tribunes. Parfois, on l’invite ramasser la balle. Certains pays comme le Maroc et l’Afrique du Sud ont négocié pour héberger des essais cliniques sur leur sol en contrepartie, ils auront en priorité quelques millions de doses.

Alors qu’il y a un vent de méfiance au vaccin qui souffle dans le monde, certains incidents ne font qu’augmenter les réticences. Par exemple au Canada, des personnes déjà vaccinées ont été testées positives au virus.


Si à cela s’ajoutent les fakes news, le buzz des théories du complots, la manipulation des masses sur les réseaux sociaux, infodémie et pandémie feront un concert sans avoir des fans du vaccin.

Le multilatéralisme est dans de sales draps. Les pays les plus forts vont s’allier et continuer à donner de l’aumône aux plus faibles. Oh ! On espérait un tout nouveau monde après la pandémie, mais ce n’est pas demain l’avant-veille.

Malheureusement, les institutions internationales telles que l’OMS ne sont pas encore équipées par des instruments pour réguler ce ring.

L’Afrique gagnerait à miser sur la coopération scientifique entre les pays en privilégiant le partage d’informations et de méthodes de résilience puisque nous avons quelque chose à apprendre des pays ayant vécu avec des épidémies comme Ebola.


Le croquis qui se dessine permet de lire que nous avons certes une crise mondiale, mais les réponses peuvent être endogènes. La covid-19 ne s’est pas manifestée de la même manière partout, donc il est très logique que nous puissions ne pas avoir les mêmes réponses.

Ces stratégies du copier-coller de nos dirigeants, souvent très prévisibles d’ailleurs, ont poussé encore les citoyens à leur confirmer et à marteler leur statut de valets coloniaux.


Tout cela passera sans doute par une reconstruction de la gouvernance, à travers un pacte social renouvelé, inclusif où les citoyens reverraient en ces dirigeants des serviteurs d’un idéal commun.

La crise de la confiance est un virus provoqué par la faillite de l’État de droit, il faut le vaccin d’une meilleure justice sociale pour la soigner.

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1 Comment


Petit Grand
Petit Grand
Feb 24, 2021

Très intéressant et instructif à la fois. Merci beaucoup pour ce magnifique article. A quand un vaccin "propre" à l'Afrique ? Donnons notre langue au chat.

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