Cher Président À l'orée de la nouvelle année, faire un "discours à la Nation" est certes le moment de présenter vos vœux aux populations et porter votre costume de donneur d'espoir, Mais jalonner vos propos de réitération de votre volonté de faire des choses et d'appels solennels n'est pas ce qu'on attend de vous. Du moins, pas uniquement. Bien entendu, le temps ne vous permet pas de rentrer dans les détails
M. Le President, encore une fois, un taux de croissance supérieur à 6% ne se sent pas dans le bol de riz du sénégalais lambda et il est temps de jauger le bien-être des sénégalais au lieu d'être emprisonné dans la glose des formules economicistes de l'économie classique aux repères occidentaux. Et nous n'avons pas besoin de presser le pas si la vision du chemin est encore floue. Le processus de création d'une monnaie unique que vous relatez avec la garantie de maintenir la parité fixe avec l'euro vous met devant votre incapacité à sortir du joug de la France. Même si des pas sont en train d'être posés, c'est le travail de la société civile et des activistes.
Cher Président, vous avez bien fait de parler de l'urgente nécessité de sortir de la routine bureaucratique pour une action publique plus diligente. En plus de cela, la rationalisation des dépenses de l'État est en ce moment, une mesure prépondérante pour répondre de aux exigences de la précarité qui guette les populations. Ceux qui servent le peuple ne peuvent pas se permettre de vivre dans un luxe insolent. En toute indifférence.
Cher President, En plus de votre élan de soutenir les bases productives de notre économie, veuillez protéger surtout les producteurs locaux à travers la mécanisation, les subventions des intrants. Votre projet de renouveler le chemin de fer Dakar-Bamako donnera certainement un coup de boost à notre économie. Par rapport à l'électricité, vous avez tenté de nous rassurer, mais la conversion de notre gaz en électricité n'est qu'un projet encore lointain, car la production de gaz ne serait effective qu'en 2022. Cher President, C'est bien d'augmenter les centres de formations professionnelles, mais cela n'occulte pas la situation des enseignants, celle des étudiants qui sont en grève à cause du même problème qui avait coûté la vie à Fallou Sene. Dans la même veine, lorsque vous évoquez la notion de justice et d'équité sociales, la rigueur qu'exige votre station ne vous permet pas de ne pas parler de la situation des travailleurs. Vous savez mieux que moi, que chaque secteur aiguise son couteau pour aller en grève. Des solutions durables s'imposent au lieu de différer ces urgences.
Cher président, Heureusement, votre copie reste lisible car vous parlez de la condition féminine et de l'enfance. Félicitations à vous et à votre gouvernement d'avoir criminalisé enfin le viol et la pédophilie. Quant au projet "Senegal zéro déchet", je vous suggère d'être le premier à retrousser les manches et d'éduquer par l'exemple. Levez-vous tôt et mettez-vous en tenue de corvée. Les Senegalais conscients suivront. M. Le President, c'est aussi une démarche pieuse de votre part de présenter vos condoléances à ces pays de la sous-region frappés par des épisodes tristes tout dernièrement, mais il est urgent aussi que notre armée soit davantage renforcée par des armements de dernières générations, une formation de pointe et comme la réponse au terrorisme n'est pas que militaire, il faut des politiques sociales inclusives à l'endroit de la jeunesse.
Cher Président, voilà mon message après avoir entendu le votre. Ensemble, continuons de co-construire. Mes meilleurs vœux à la Nation.
Pathé Dieye
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