Mon concert rêvé se passerait sur un coin de la terre suspendu entre le pont de Ndar et le ciel.
Il commence par un appel à la prière avec la voix de Bilal et la sourate Yàsîn avec celle de Sudais. De ce halo divin, je nimbe mon cœur, c'est la cuirasse qui le protège.
J’aimerais laisser mon âme battre au rythme du zikr perlé qui fait scintiller le minaret.
J’aimerais laisser à mes oreilles le privilège de recevoir le souffle du poème-prière Sindidi et l’éloge complète Miimiya.
Heureux comme un Gospel, je verrais sur scène un « Oh happy day ».
On les a trop longtemps cherchés parmi les écrivains, mais les grands poètes français sont des musiciens.
« Quand on a que l’amour », toi, et moi, pour vivre nos promesses, on prie « ne me quitte pas » Brel, amène-moi à Amsterdam.
Je serais bohème (Aznavour) pour faire hymne à l’amour (Edith Piaf). Connaisseur connaît.
Ce concert ne se ferait pas sans James Blunt, il sait transpercer avec son style, he is beautiful on his « you are beautiful.
Je souhaiterais danser avec l’être aimé sur la voix de Whitney Houston, « I will look to her, and say : « I will always love you ». C’est écrit, n’est-ce pas Cabrel. I have nothing, but a poem…
Il y a des mémoires en or, et « Sacrifice » d’Elton John y brille, comme un autre jour au Paradis, et on y va avec Phil Collins (Another Day in Paradise).
Lorsque le soleil s’apprêtera à prendre congé, je verrai la beauté promise, Eric Clapton confirme (Wonderful tonight). Et la lune sourira, que ce monde est beau. J’aurais la voix de Louis Armstrong pour peindre la toile de l’instant-monde. What A Wonderful World !
Dans mon concert idéal, il y’aura ces jeunes chanteurs sénégalais qui offrent de belles notes à notre « Mbalax ». J’aimerais recevoir du Obree Daman, chasseur de notes rares et Kya Loum, obsédée de l’authentique, et Ash The Best, l’artiste, boroom Dibéer. Ils écrivent leur légende en apportant un nouveau souffle à cette musique. Ismaila Lô, Baba Maal et Youssou Ndour peuvent se sentir fiers de leur héritage.
Dans mon concert rêvé, j’aimerais y entendre du Grand Corps Malade, Meissa Mara sur de la kora et Plume Perdue sur du jembe. Ce serait un cadeau du ciel d’y avoir le regretté Al Fàruq.
Je souhaiterais avoir la voix de Senghor sur la poésie et celle de ma mère qui me dit encore « demal liire ».
Il m'arrive de réécouter Ndongo Lô; il savait puiser dans la mélancolie et nous la tendre digeste. Thione Seck fut brillant parolier, il rendait à la rime ce que le bruit de trop lui avait volé. Ndiaga Mbaye avait sur son xalam une batterie d'apophtegmes pour éduquer.
Dans ce concert, vous y entendrez le vendeur de ferraille crier, « Ferraiiile, firigo bu yàqu buy jaay » et la mère qui ne veut pas décevoir l’enfant qui l’attend et compte sur son poisson à vendre. Vous l’entendrez aussi « Aywa jaay jën, am naa còof bu bees » (Je vends du poisson, j’ai du Thiof neuf).
Mon concert est aussi silence. Il commence et se termine avec. Comme chaque chose de la vie. Les grandes et les petites. Les joyeuses et les tristes. Le silence est la première et la dernière note.
Dans ce silence, il y a le respect et la considération des tous les génies que je n’ai pas pu citer ici. Le concert n’est pas annoncé, il est improvisé, sur un bout de la terre.
J’espère que vous auriez la chance d’être là, au bon moment pour vivre cet instant sans téléphone. Juste vivre. Apprécier. Voyager.
Don’t worry about a thing, said Bob Marley. No woman no cry, cette dernière fleur offerte à la femme qui passe.
Dans mon grand concert, il n'y a rien, sinon, ce que nous voulons tous, avoir le pouvoir de faire face à la tragédie du quotidien. Le génie de vivre la subtilité de l'universel en ce qu'il a de pluriel. Il y a encore de la musique pour entretenir le lien...
Bonne fête de la musique!
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