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Le Monde qui pense L’Afrique qui ne se pense pas.


Embringuée dans le grand charivari du monde globalisé, l'Afrique comme une question existentielle, se demande encore sa place. Une place, comme si elle a des choses à prouver, une position à mériter, des ordres à attendre. Une place qu'elle attend que les autres lui indiquent encore et encore.

Ces 22 et 23 Novembre, pour la deuxième fois consécutive, Dakar accueille les "Débats, Le Monde Afrique", une initiative de la presse française le Monde qui invite les africains à débattre sur les changements et les évolutions du continent. 

Pour cette édition, nous sommes sur les chemins de l'enseignement supérieur en Afrique, avec une grappe de problématiques : quelles sont les destinations prisées par les étudiants africains ? Quelle est la place du numérique dans l'offre de la formation supérieure ? Quelles sont les formations adéquates pour les compétences de demain ?

Quelle interprétation faire de cette décision de l'administration Macron consistant à augmenter les frais de scolarité en France ?

Il y a une chose qui me révolte toujours. Nous attendons à chaque fois que les autres viennent dans nos pays, pour parler des enjeux et problèmes de nos pays, et cherchent des solutions pour nos pays. Nos chercheurs et nos gouvernants ne sont que des invités de luxe. Et quand les autres vont exploiter les opportunités du secteur, nous revenons sur ce à quoi nous excellons si bien : revendiquer et chercher des bourreaux extérieurs. Auchan ne me démentira pas. 

Un autre exemple assez parlant c'est le fait que nous voulons notre souveraineté dans le cyberespace et c'est dans les universités étrangères qu'on s'interroge sur des sujets comme "comment utiliser l'Internet dans un environnement peu équipé" et non dans nos universités. 

Ce sont nos pays qui sont sous-équipés, donc toutes ses réflexions permettront à des entreprises étrangères à élargir leur marché et à profiter de nos léthargies intellectuelles et nos fantasmes vaseux.

Aujourd'hui, Dakar fait de grands pas vers sa transformation en un hub de l'enseignement supérieur. Avec plus de 330 écoles supérieures privées, la capitale sénégalaise est un lieu de convergence des étudiants de la sous-région, ce qui fait que nos écoles sont constituées de 20 à 40% d'étudiants étrangers. 

Ce constat est bien la preuve que le Sénégal a une offre de formation assez respectable et à l'aune des besoins de l'entreprise d'une manière générale mais dont la crédibilité est à renforcer. Comment ? Il faut que l'enseignement supérieur ne soit pas un terrain de business. Les écoles poussent comme des champignons. On dirait qu'il y a une forme  d'entreprenariat qui consiste à se lever, louer un bâtiment et y inscrire " Institut de Management ou de gestion ou d'informatique ", encaissant l'argent des bacheliers désorientés et leur vendant le rêve du leadership. 

Le second point c'est que notre attitude face au numérique ne doit pas être la peur, il nous faut nous l'approprier pour enseigner son utilisation raisonnable et raisonné, mais aussi former sur les métiers du moment comme le cyber sécurité, les big datas, les objets connectés pour ne pas subir le numérique mais agir sur le numérique. Donc au lieu de nourrir une peur de l'écran, il faut l'adopter et l'adapter à notre philosophie éthique et le transmettre aux jeunes ainsi.

Nous sommes sensés utiliser le numérique et non être utilisés par le numérique ou à travers le numérique. 

En effet l'illettrisme du 21e siècle n'est rien d'autre que " l'inumémérisme"

Par rapport à la décision de la France d’augmenter les frais de scolarité pour les étudiants étrangers, les interprétations foisonnent de partout, mais là aussi, encore une fois, nous n’avons rien à revendiquer. La leçon doit être claire maintenant sur ces deux points suivants :

D’abord, on chante les louanges de la mondialisation que quand cela arrange. On a beau globaliser les démarches, mais les états reconsidèrent leurs intérêts. On dit du n’importe quoi à Trump, mais au moins, il est sincère.

Le second point consiste à montrer que ces signaux nous rappellent l’urgence de prendre en main nos systèmes éducatifs de sorte qu’on puisse avoir des formations adaptées à nos besoins, travailler pour notre continent et être compétitif à l’international. Nous battre pour un système éducatif performant est à mon sens beaucoup plus prioritaire que celui de revendiquer pour la diminution du coût des études universitaires à l’étranger.

L'urgence, c'est que l'Afrique pense ses problématiques et y trouve ses propres solutions. L’Afrique va toujours subir si elle n'est qu'une invitée dans les colloques qui la pensent. Panser l'Afrique du jour c'est le penser par les Africains.

Pathé DIEYE                      



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