Le débat sur le port du voile est une des questions identitaires qui peuvent surgir dans n’importe quelle société, mais je reste surpris de le voir posé d’une certaine manière au Sénégal, avec les positions parfois extrémistes sans concession, la passion débordante, la colère dans ce pays tant envié par son climat social apaisé tissé sur le dialogue interreligieux.
C’est ce qui me pousse à dire que le voile n’est qu’un prétexte, le petit morceau de viande au bout de l’hameçon autour duquel l’opinion publique piégée, débat et se débat sans prendre la pleine mesure de ce qui la guette.
En vérité, le Sénégal est guetté par un communautarisme rampant dangereusement venimeux car porté par sa jeunesse, laquelle se dit intellectuelle, laquelle entend être la relève.
Promenez-vous à l’Université qui porte le nom d’un des plus grands panafricanistes de l’histoire, Cheikh Anta DIOP. Désolés serez-vous certainement de constater que le jeune étudiant sénégalais ne s’identifie plus à l’Afrique, ou à la nation sénégalaise, mais investit son tout dans son appartenance à des groupuscules provenant de la même localité. C’est bien d’aimer sa localité, son village natal, nous voulons réussir et y retourner pour rendre la monnaie, mais pas tomber dans un sectarisme aveugle dans un temple du savoir. Sur les murs, plus de citation de Cheikh Anta DIOP mais des sigles comme : « Association des Etudiants Ressortissants de Niaty Tally, de Kanamou Rail, ou encore même Allou Niaye ». Derrière la dynamique de solidarité qui était à la base de la création de ces associations, permettant à des anciens de pouvoir s’organiser pour accueillir et orienter leurs jeunes dans leur nouvelle vie estudiantine, chaque communauté perd de vue l’essentiel pour s’inscrire dans une dynamique compétitive et de réclusion en soi corrodant ainsi la fraternité.
Ces replis identitaires aussi se lisent dans les pratiques religieuses. Vous savez, les sonorités sacrées sont souvent belles, agréables à entendre, mais lorsque des sonorités fusant de partout se télescopent dans l’air, vous avez des catastrophes sonores. Voilà ce qui se passe lorsque vous vous promenez la nuit du Jeudi au Vendredi dans l’enceinte du campus social de l’UGB.
Quitte à ce qu’on entende aucun groupe dans ce cafouillage de bruit, chacun impose entièrement ce qu’il est, et ses manières d’être et d’exprimer ce qu’il est.
Voilà les petits feux, qui, de manière sporadique brûle la belle prairie de notre cohésion sociale. Faudrait-il vous rappeler qu’elle est si belle, mais exige beaucoup d’entretien et n’est jamais totalement acquise car fragile, sensible, complexe.
C’est vraiment stupide de mettre le feu sur la paille pour se rendre compte qu’elle nourrissait le mouton.
En ce qui me concerne, on dit souvent que l’écriture ne nourrit souvent pas son homme, et c’est pour la plupart vrai, mais pour avoir chanté le « ngalakh » avec mes vers, j’ai eu une bassine de ce mets succulent grâce à cette culture millénaire qui nous a donné des Ousmane Augustin Ndiaye et des Mouhamed Mendy. Ne brisez pas ce si majestueux contrat social.
Et si le voile n’est qu’un prétexte, renouons les nœuds !
Patherson
Article pertinent.
Au Sénégal, on ne comprend pas l'essence d'un alumni. En effet, ce dernier de servir de guide aux plus jeunes et les aider pour leurs orientations. Mais malheureusement aujourd'hui les étudiants ont perdus de vue leurs objectifs car il sont plus dans la vie politique à la quête du pouvoir et quelqu'en soit le prix jusqu'à perdre de vue leurs objectifs premiers. Et ce qui est dangereux pour notre société est qu'ils entraînent avec eux plusieurs de leurs jeunes frères et ça se passe exactement comme dans des associations que tu viens de citer.
La question que je me pose est que vont devenir ces jeunes ?