J’ai écrit un roman et je ne sais pas de quoi ça parle.
Je ne sais pas où il commence, je n'ai plus le fil des événements, ni non plus où ce récit se termine. Je sais au moins que je me suis forgé un caractère honnête pour te dire en face : « je ne sais pas » lorsque tu poseras la question pour savoir de quoi parle ce livre. Cette compilation de papiers.
« Il faut être un indécrottable amateur de la laideur, vacciné d’une liqueur de méchanceté et d’insensibilité à forte dose pour l’ignorer. Ignorer…
Le défilé des tailles basses, et la longue procession des pagnes et des voiles que nous offrent les femmes au pays de …. Le vendredi. »
(Extrait de « J’ai écrit un roman » à la page que j’ai oublié, mais je te le dirai après.)
Je ne parle ni des femmes, ni de la religion, mais disons un peu de tout cela et bien d’autres choses.
Tu me diras que je suis fantaisiste, mais je le reçois sans surprise, c’est la première remarque que mon éditeur m’a faite. J’en fais un compliment. Un beau!
Bref, quand je te parle de roman, tu penseras à un récit, mais il ne s’agit pas vraiment d’un récit mais je m’en sers pour faire une juxtaposition de plusieurs plaidoyers.
Ça va secouer et ici il n’y a pas de ceinture. Sois prêt, tout ce passe dans un car rapide sur un trajet où la route est chaotique.
Tu verras dans ce roman l’histoire d’une femme qui part de rien mais reste déterminée à atteindre un objectif très ambitieux. Toutefois, elle devra faire face à une société qui lui dira que tu es une femme. Une société qui lui dira que tu n’es pas intellectuelle par elle n’a pas fait les bancs. Elle doit faire face à elle, aux pesanteurs socioculturelles et à la peur.
Dans ce car rapide, je reconstitue en miniature une société qui ressemble à celle sénégalaise, à celle africaine aussi. Une société humaine avec ses habitudes, ses idées reçues, ses croyances. Sur le trajet, tu verras le récit de l’instrumentalisation de la religion et comment s’affronte dans les sentiers de l’amour le cœur et la foi.
J’ai écrit un roman mais je ne sais pas de quoi ça parle.
Mais au moins, je me rappelle, il y une histoire d’amour qui doit se tisser le long d’un combat de sang. Cela se passe dans une société où l’amour se passe entre les gens appartenant à la même caste ou dans la même soi-disant noble famille, sinon c’est bannit, proscrit, prohibé.
Le long de ma fiction, j’ai plaidé pour les droits des enfants et dénoncé les violences faîtes aux femmes.
Ce récit, c’est aussi une histoire politique dans une société qui se politise qu’en période électorale. J’y inspire mon amertume et expire une dénonciation de ces politiques de réaction sans planification, ni vision.
J’ai écrit un roman, et je sais au moins que c’est une histoire de survie, car je vais aller chercher un médecin courageux comme un romancier qui affirme ne rien savoir de son roman, pour guérir des malades désespérés.
J’ai écrit un roman et je voulais encore me rappeler de beaucoup de choses pour t’en parler, mais l’apprenti vient de me demander de payer le transport, et je n’ai actuellement que mon stylo et ma feuille.
En attendant de régler mon problème ici, dis-moi, si tu as envie de lire ce roman.
J’allais oublier ceci : dedans il y a du café Touba, du « ataya », et des parties de ton quotidien que tu laisses dans la rue…
J’ai écrit un roman et si tu as un titre dis-le-moi. Chuchote-le à mon oreille. Peut-être me donneras-tu une raison de le publier.
En attendant, je me mets à rassembler le manuscrit que le vent a éparpillé.
Ah je me rends compte, que j’y ai laissé même des poèmes. Si cela sert à réinventer le style, tant mieux…
Patherson
Ecouter les podcast de la Ballade rimée ici: https://soundcloud.com/pathe-dieye-357177559
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