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JOURNAL MÉTÉO

Hier nuit, avant de me coucher, j’ai écouté les prévisions météorologiques. C’était précis, cohérent, clair. J’en voyais encore la science qui faisait sourdre son ubiquité dans notre existence. Mais ces prévisions seront-elles vraies, exactes ? Attendons de voir.

Quant à moi, je suis parti tout de suite à l’Agence Météorologique de mon Cœur.

Une fois arrivé, je voyais les locaux blafards, j’entendais le ronflement dégingandé et spasmodique des machines, je sentais une odeur mélancolique d’encre, de sueur et de sommeil. Progressant d’un pas sur, avec la tête qui cherche à ordonner ses questions, mon corps s’engouffrait petit à petit dans un état spasmodique. Le climat de travail est ici très tendu, tout le monde s’acharne, ils n’ont pas le temps de me demander qui je suis ou qu’est ce que je veux. J’ai aperçu le Secrétaire général de l’agence, la conviction infrangible, mais le regard sceptique et le geste inquiet : c’était ma Raison ! J’ai vu un contrôleur vivace et opiniâtre et tenace, passant d’une machine à une autre, prenant des notes dans une feuille froissée, c’était mon Esprit ! Il était si occupé qu’il m’a piétiné sans me voir. Enfin la présentatrice de l’émission Météo, c’est ma Plume ! je la voyais hésitante, cherchant par quel euphémisme livrer l’irrémissible réalité. En tout cas cette fois ci toutes les prévisions sont vraies et vous pourrez vérifier vous-même là où vous êtes.

On n’a pas besoin de la date ! Ces prévisions concernent tous les jours inclus dans l’ensemble décrit par le calendrier de l’inconscience. Sont-ils nombreux ? La période est elle longue ? Cela ne dépend que de nous.

Le soleil se lèvera à six heures et la pendule affichera les six heurts de la décadence morale en décrivant sa courbe avec le népotisme, la corruption, l’exploitation, le vol, le mensonge, les dépravations des mœurs et se mettra au zénith avec l’heurt fatal de la pauvreté qui ne cesse de nous échancrer de ses rayons pernicieux. A dix neuf heures, places aux dix neufs heurts qui sont le manque de patriotisme, l’incivisme, l’éducation alitée, les intérêts personnels, la tricherie, la démagogie, la politique politicienne, l’irresponsabilité, le manque de leaders, l’insouciance, la malhonnêteté, la peur d’agir, l’impunité, l’égoïsme, la paresse, le manque d’hommes de convictions, l’indiscipline, la velléité, la carence de foi en nous qui accompagneront le soleil de la désolation se coucher dans les ténébreuses méandres de la haine. Au matin de ces scandales, il est prévu la marée de la bassesse morale et au soir du décès de l’éthique, il y aura la marée haute de « la perte des références » ou de « la confusion des repères ». Cette fois ci on n’a pas pu mesurer la hauteur des marées car le mètre de la justice est rouillé par la boue de la cécité intellectuelle et par la brise de l’injustice.

Pour les températures, les canicules provenant de l’effet de serre de tous ces mots, s’imposeront du matin au soir.

Les pécheurs de l’émergence, je ne vous interdirai pas d’aller en mer, mais sachez au moins qu’aujourd’hui, la mer de l’Homme est avare, l’essence de servir les autres avant de se servir n’alimente plus le moteur des pirogues de la dérive, et les gilets de noyades sont plus nombreux que ceux de sauvetage. C’est compliqué ! Donc ce n’est pas facile de rester optimiste dans l’entreprise de nourrir demain les bouches affamées de la Vérité.

Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs ; c’était un regret pour moi de vous présenter le journal des psychoses du siècle ou encore les scandales météorologiques de la conscience humaine.

Profonde cogitation pour ne pas dire bonne nuit !!!!

Patherson

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