Avenue de nos couleurs. Rue de nos valeurs. Angle de nos peurs. Maison de cloisonnement dans nos stéréotypes et de la rancœur. La voici, nous sommes à destination.
Il s'agissait de ces jours qui commençaient par l'orchestre synchronisé de fines gouttelettes d'eau qui font leur concert sur le toit en zinc d'une de ces taudis dans l’Udang[1], qui reflétaient dans leur état austère et sombre la peine que ressentaient les cœurs des habitants.
A peine que la lune passât au soleil le témoin dans le relai de la course du temps, que les pintades commençassent à picorer les grains de mil échappés des coups de pilons dans les mortiers, il naquit dans cette maison, naître avec toutes les raisons de vouloir retourner d’où il vient, naitre et en vouloir à Dieu de le parachuter dans cette terre qui, à première vue n’avait rien d’aimable même cette première voix douce qui l’accueillait, essayait d’étouffer toute une mélancolie, naître sans soin médical, sa maman aidée par sa grand-mère qui jouait le rôle de sage-femme par expérience, audace et oubli de cette peur de mourir et vivre à tout prix.
Il était accueilli avec joie et peine. Comme une tasse de lait qu'on s'apprête à boire goulûment et que deux mouches y finissent leur spectacle de vol distrait car il venait au mauvais moment. On avait envie, tout en lui souriant de lui dire, tu devais rester encore un petit moment avant de venir. Cette famille polygame déjà surpeuplée de 24 enfants était juste de passage dans sa recherche de refuge, d'abri, d'échappatoire contre l'extermination d'un peuple, dans laquelle elle avait déjà perdu 8 membres et progressait avec 3 mutilés. Samira la fille aînée a perdu l'œil droite car un soldat l’a frappée avec la crosse de son arme et elle n'a pas accès aux hôpitaux, je dirai elle n'a pas le droit d'être soignée décemment. Ullah, cet enfant de 12 ans respire mal pour des problèmes de poumons après avoir inhalé trop de ce gaz asphyxiant qui réveilla toute sa communauté la nuit dernière, c'était encore un sabotage de bêtes brutes contre des innocents. Et Habibah, est devenue manchot car voulant se défendre et se sauver, la hilaire de son père sur laquelle elle comptait a servi à un barbare de la Tatmadaw[2] plus fort qu’elle, et qui n'a rien trouvé que de lui poser la question avec un ton ironique : " tu préfères manche courte ou manche longue", elle criait à l'aide, le visage baigné de larmes et impuissante mais ce géant cynique lui disait « comme tu es voilée, je crois que tu préfères la longue » tout en lui enlevant en un coup le bras droit, la laissant se baigner dans son sang. Je ne saurai vous dire comment elle a survécu sans soin médical. Ce régiment de mutilés et lancinés, de violées et de violentés, de désespérés et de désorientés s'apprêtait à quitter la maison d'accueil dès qu'ils ont appris qu'ils se réfugiaient à côté d'une maison de moine. C'est dans ces préparatifs pour se sauver du pire, qu'il naquit. Ils voulaient comme tous leurs voisins avoir une place dans les bateaux de pêche pour rejoindre le Bangladesh. Certains de leurs voisins ont rejoint l’inde, le Laos ou la Thaïlande et ils n’espèrent plus les voir, ils se demandent même s’ils ne sont pas morts.
La famille n’avait vraiment pas le temps d’accueillir un nouveau-né, de s’en réjouir et de lui faire des câlins, elle devait se remettre immédiatement en route avant que les patrouilles ne commencent. Ils ramassèrent le peu nourriture et ces épaisses couvertures qu’ils avaient avec eux pour reprendre le marathon de la fuite, laissant derrière eux une histoire, une identité, une terre familière. Les blessés sont portés par leurs sœurs ou frères, la jeune maman est prise à l’épaule par son mari. Cette mère était faible et souffrait mais devait avancer, ce père était meurtri mais devait soutenir garder ses larmes et essuyer celles des autres.
Il devait affronter un long parcours éprouvant moralement et physiquement, marchant à pieds nus et/ou torse nu, la moitié n’ayant pas mangé depuis 35 heures, se cachant dans les bananeraies avec d’autres familles, se cognant, trébuchant, tombant, avant d’arriver chacun aura sa médaille de cicatrice, accrochée au fil d’un sang coagulé sur une peau déshydratée.
Après 45 minutes de marche la maman ne pouvait plus se servir de ses pieds, elle était épuisée, et n’a rien mangé après avoir subi l’épreuve de donner la vie. Elle respirait très fort, perdait la vue petit à petit comme si une bulle l’enveloppait, elle s’en allait, se laissant dans les bras d’un papa abattu, en disant « prends soin de notre fils et je veux que tu lui donnes le nom de mon père Sayadaw ». Devant cette horrible scène, Sumada se vit être père d’un orphelin de mère et ne put se garder de crier très fort comme pour sortir toute sa haine, comme pour exprimer toute cette tristesse qu’il n’avait jusque-là pas le droit de montrer, ni d’exprimer. Normal. Il n’en pouvait plus. C’est sa sœur Maya qui la consolait sans pour autant y parvenir. Décidément.
La grande famille voulait bien faire pour cette brave dame des funérailles digne de sa personne, prier pour elle et lui trouver une tombe dans un cimetière, mais comme un soldat qui perd son équipier en pleine bataille et que les balles de l’ennemi continuent à traverser sa tête, il fallait faire le strict nécessaire et s’en aller. On l’inhuma sous un baobab et l’entoura de pierres noires, et sur la plus grosse pierre, le père écrivit à l’aide d’une pointe et d’un coquillage « Ci git la mère de Sayadaw, celle qui partit en nous laissant un trésor ». Tout en sanglot, il se retourna vers son fils que portait grand-mère pour lui donner solennellement ce même nom.
Ainsi avançaient-ils, jetant incessamment leurs regards par derrière car difficile pour eux de se détacher affectueusement de cette personne qui fut dans ce groupe mère, sœur, épouse. La cadence était rythmée par des hoquets, des reniflements, des pleurs, des « tiens le coup, ça va aller, Dieu est grand ».
Arrivés et exténués à la rivière Naf, un cours d’eau qui sépare le Rakhine et le Bangladesh un passeur accepta de leur faire la traversée mais il leur prit toute leur économie, 120 Kyats [3] qu’ils rassemblèrent par cotisation. Même les enfants y mirent leur toute petite pièce pour le bien de la famille. Un geste touchant. Après l’embarcation de tous les membres animée par des « vite, vite, le temps nous est compté » le moteur vrombit comme un vieillard qui râle et c’est parti. Entre la faim, la tristesse et cette envie de voir un ailleurs, dont celui-ci n’est que l’image affadie, ils furent pris dans un engourdissement causé par la fatigue et dormirent rêvant du bon vieux temps.
Le papa de Sayadaw, sous le poids de son chagrin, de ses réminiscences et de sa peur d’affronter ce futur incertain, eut un arrêt cardiaque, rendit l’âme au milieu de son rêve d’éduquer son enfant et de le voir réussir, et son corps culbuta du bord de la pirogue à la merci de l’eau. Sumada est mort. En un mouvement d’ensemble, c’est la panique et la torpeur généralisée, personne ne pouvait plus calmer qui que ce soit. Le pécheur bloqua les enfants et adolescents qui voulaient plonger leur disant « il y a trop de courant ici, vous ne pourrez pas remonter ». A présent, ce brave papa sera de ces sans noms qui ont perdu leur vie dans cette traversée incertaine pour fuir la terreur car ils ont fait « l’erreur » d’être des musulmans.
« Sayadaw
L’enfant qui ne verra son père
Le petit qui ne tétera le sein de sa mère
Un espoir condamné à grandir loin de sa terre
Un héritier dont le trésor sera gardé par les thuriféraires
Sayadaw, grandit et rend nous fier
Tu seras l’aventurier
L’épopée écrite à l’encre de guerrier
Le survivant à la légende chantée
Sayadaw, grandit et rend nous fier ! »
Sur ses mots, grand-mère plus que forte, chantonnait pour son petit-fils, sentant qu’elle ne tiendra plus longtemps, elle lui donnait l’injonction de survivre. Hélas, ingénieuse grand-mère, elle eut l’idée de faire un berceau en paille avec une base en plastique, y mit le petit et le jeta sur le fleuve.
Elle regardait l’enfant tanguer comme si le fleuve mouvementé tout à l’heure avait reçu l’ordre de se calmer et d’assurer la traversée de l’orphelin. Ce berceau était fait avec cœur par grand-mère, il dandinait sur les vagues, l’enfant, le doigt dans la bouche, regardant le ciel comme s’il communiquait avec Dieu, allait au loin, bon vent, bonne mer, où accostera-t-il ? Ne finira-t-il pas dans la bouche d’un gros poisson ou écrasé par un pêcheur non vigilant ?
Ainsi se sauvait le petit Sayadaw, emportant avec lui, espoir, optimisme, un passé non choisi mais enduré, un présent où on se cherche et l’horizon des utopies, de l’irréalisé et du lointain.
Après des heures pendant lesquelles ce bébé dormait, le berceau arrive doucement à l’autre bout du fleuve Naf vers 11 heures du matin, sous un doux soleil qui distribue ses rayons aux jeunes dames trempées jusqu’aux genoux lavant le linge dans le fleuve et jacassant sur des futilités.
« Hey, regardez, c’est un bébé » s’écrit Hyen Tsé, une jeune fille de 16ans qui d’un geste aimable le prit dans ses bras et toutes les autres l’entourèrent avec une pluie de questions : « est-il vivant ? Comment peut-on jeter un bébé si adorable ? Vérifie s’il respire… ; c’est un garçon ou une fille ?»
Hyen tse l’emmena escortée chez elle comme un trophée, son visage illuminé d’un sourire de joie car elle aime les enfants. Il sera accueilli dans une modeste famille d’ethnie Bamar dans le Myanmar. Il y sera choyé, élevé et protégé, il ne s’y sentit jamais orphelin. Dès l’âge de quatre ans on l’initia au bouddhisme theravada et au nats[4]. Très intelligent Sayadaw dormait beaucoup et apprenait peu. Ses premiers pas à l’école furent difficiles, avec un niveau médiocre et il était souvent victime de brimade car étant très rachitique. Cependant, il va mûrir et trouver ses repères au Lycée, il développa une grande culture générale et devint un gladiateur en classe. C’était le petit génie venu de nulle part qui étonne ses professeurs dans les lignes de ses copies.
Sayadaw, faisait la fierté d’une famille même si parfois il décelait un regard bizarre, révélateur, interrogatif porté sur lui par rapport aux autres.
Il obtint le bac et avec la coopération chinoise, il bénéficia d’une bourse au Renim University of China, où le jeune ambitieux issu d’un peuple multiculturel avait bien vu de choisir un cursus « en diplomatie culturelle ». Les adieux avec la famille furent difficiles, le père fut touché par le fait que l’enfant attentionné à ses moindres besoins allait s’éloigner de lui, la maman pleura son « fils » adorable, la sœur, cette sœur-là qui la ramassa ne pouvait supporter le coup car étant trop attachée à son frère, et elle nourrissait toujours cette peur de le perdre, cette peur qu’on le récupérât un jour. Mais il va garder le contact avec cette sœur, avec qui il échangeait tous les jours pendant son séjour au pays de Mao.
Aventurier dès sa naissance, le jeune prodige s’adapte vite dans sa nouvelle vie et commence à parler le chinois. Les années passèrent vite et sayadaw travaillait parallèlement à ses études et envoyait tous les mois de l’argent à sa famille, une somme qui soutenait la pension du papa qui était à la retraite.
20 juin 2030, Sayadaw envoyait deux billets d’avions à sa sœur et à son père pour les inviter à la cérémonie de graduation de son université. C’était l’occasion pour les deux de sortir pour la première fois du pays et de découvrir d’autres horizons.
Sayadaw, major de sa promotion tint un discours mémorable dans sa faculté.
« Aujourd’hui j’ai fait mille lieues pour me retrouver dans l’empire du milieu, je n’ai pas appris à faire de la diplomatie, mais à me servir de la diplomatie pour servir l’humanité. Nous ne sommes pas dans une cité des dieux mais des aventuriers sous les cieux. Alors prenons de la hauteur pour loger les autres dans nos feuillages. Déférons nos différences pour ne pas être des oppresseurs sur des opprimés, des vainqueurs sur des vaincus mais des personnes meilleures grâce aux autres »
‘Like Martin Luther King, I have my dream. That dream to see a world where battle in trenches won’t be triggered by religions, cultures or ethnocentrism. Everybody has the duty to yearn for a more human world and fight for it on the yardstick of its means’ ; voilà des phrases qui immortalisèrent ce discours devenu prêche et qui fut accompagné à la fin d’une salve d’ovations.
L’heure fut aux félicitations, à la fierté et Hyen Tse se réjouissait d’avoir ramassé un doué.
La compagnie retourna au Myanmar où le reste de la maisonnée attendait avec impatience pour partager le gâteau de la réussite.
Après des vacances bien méritées, Sayadaw devint l’ambassadeur de la Birmanie au Japon, puis au Brunei, en Angleterre et au Sénégal avant de se lancer en politique. Il ne fonda pas de parti mais un mouvement avec comme soubassement le respect de chaque communauté et le droit de chaque minorité de proposer ce qu’il a de légitime. Un mouvement dont le but est de rendre service à l’humanité et qui a bien su porter le nom : « HUMANITUDE » Il portait des revendications pour les enfants de la rue, leur exploitation et les inégalités sociales. Comme une trainée de poudre, ce nom envahit la population et fut porté dans les cœurs. Les majorités voient leur trône tituber devant cet ouragan révolutionnaire par la beauté de ses idées mais il n’avait rien de violent, bien au contraire, il fédérait des peuples, créait des convergences sur des différences, des alliances sur des concurrences. Son seul hic qui pouvait le déstabiliser c’est que des rumeurs de mal intentionné faisaient de lui un fils illégitimes et remettaient en cause ses véritables origines. Mais ça reste politique, n’est-ce pas Sayadaw ?
Lors des élections du 12 juillet 2037, après des élections libres et transparentes, sous le poids des doutes et des calculs, il est élu président de la République de la Birmanie M. Sayadaw. Ce fut la victoire du peuple et de la démocratie.
Il réforma l’armée et dissout la fonction publique pour la recomposer sur la base de la méritocratie, fit voter une loi pour l’éducation primaire obligatoire pour tous et donna des chances égales à tous pour l’accès aux études universitaires. Il imite le système sanitaire cubain et les soins de santé furent gratuits pour les enfants de 0 à 7ans. Toute la population vivant sous le seuil de pauvreté eut désormais droit à la bourse sociale qu’il haussa de 52 %.
Tenir à ses promesses comme un honnête homme, il fit réviser la Constitution pour un mandat de 6 ans non renouvelable.
Durant ce mandat déjà inscrit dans la légende avec les plus hautes distinctions honorifiques, l’orphelin diplomate et homme d’Etat commence à avoir au milieu de ses nuits non des rêves mais des visions car il passait ses nuits à travailler. Il revoyait des indices, avait des sensations qu’il n’eut jamais et avait souvent peur. Au fur et à mesure que les jours passaient, les images devenaient plus nettes, plus précises mais, la journée venue, il ne parvenait pas à raconter ce qu’il a vu à qui que ce soit.
Un jour qui commençait par la pluie comme son jour de naissance, comme une intuition, il se leva et se mit à marcher sous les bois. Le protocole sécuritaire veut le suivre mais il leur donna l’ordre de ne pas le suivre. Il suivait son intuition et son cœur battait la saccade sous la pluie. Comme un flaire qui le guidait, il avança avec assurance comme si c’était une direction tout tracée, et il trébucha sur une branche, se releva et perçut un baobab à 10mètres de lui. Il s’approcha d’un pas sûr et les contours de pierres noires se dessinaient à ses yeux et arrivé devant cette place semblable à des vestiges historiques abandonnés, il regarda autour de lui et scruta l’arbre du haut vers le bas. Il s’aperçut, non il butte sur des écritures. Il se servit d’une pierre pour enlever les débris et sursaute, par peur ? Surprise ? Choc ? Étonnement ? Le « ci-gît la mère Sayadaw » était encore là, intact. Des grosses gouttes de sueur traversèrent son dos et son front. Et dans sa tête une seule voix : « Qui suis-je ? Qui-suis-je ? Qui suis-je ? » Existerait-il un autre Sayadaw qui n’est pas moi ?
Des heures passèrent, le protocole présidentiel fut obligé de suivre ses pas et les hommes trouvèrent le président couché à côté de sa mère.
Ils alertèrent à l’urgence et évacuèrent M. le Président. Il n’avait rien, l’heure de se connaitre était venue pour lui comme une délivrance, il était juste abattu. Ainsi le trouva à l’hôpital présidentiel sa sœur adoptive, elle se jeta sur lui et il lui disait : « s’il te plait dis-moi qui je suis, délivre moi, je dois savoir, c’est mon droit ». Le cœur noué et la gorge sèche, Hyen savait qu’elle était dans l’impasse. Elle expliqua avec des larmes qu’elle l’a ramassé au bord du fleuve. Sayadaw s’évanouit ! Ce fut la terreur et l’affolement dans la salle de réanimation. En même temps les médias avait déjà fait part de l’état critique de la santé de ce président, ce qui rendit l’atmosphère de la ville très froide. Après les efforts pointilleux des médecins qui parvinrent à le ramener à la conscience, il fut perfusé d’urgence car il avait besoin de force. Pour la première fois depuis longtemps, il dormait si profondément. Dans ce sommeil, il vit son père qui, dans une aveuglante silhouette lui dit : « mon fils, je suis ton père, ton vrai nom c’est Daouda, mais nous te donnâmes moi et ta mère le nom de Sayadaw pour que tu vives partout où tu irais. Ce nom signifie « maitre honorable » et tu l’as bien porté car tu as tenu ta promesse de vivre pour nous et de réussir, donc tu nous as honorés. Nous vivons dans un monde parallèle mais aujourd’hui nous allons prendre notre repos dans l’au-delà après avoir si longtemps veillé sur toi, courage mon fils, ton peuple est fier de toi et nous le savons » et la silhouette s’éteignit. Dès potron-minet, le président se leva put tenir sur pied et annula le conseil des ministres du jour pour aller dire la vérité à ses parents adoptifs. Ils acceptèrent que Sayadaw disaient la vérité et fut étonnés par cette découverte démiurgique. Et en plus ils ne montrèrent aucune méfiance quand il révéla qu’en réalité il est musulman. Et Sayadaw leur témoigna toute sa reconnaissance car il leur devait la vie. Ce président garda son secret pour le moment et embrassa sa vraie religion, fit de sa sœur adoptive sa première dame, non pour la remercier mais il a tout partagé avec elle qui était plus âgée que lui de 16 ans. Enfin nous sommes le 24 juillet 2043, la date où Daouda dit Sayadaw devait faire son dernier discours en tant que Président. Le peuple ne voulait pas qu’il laisse le pouvoir mais il leur répondait : « laissons la chance aux autres qui ont aussi quelque chose à apporter pour une meilleure Birmanie ».
Devant le palais présidentiel, avec 2millions de personnes présentes, et 3 millions de spectateurs et des milliers accrochés à leur radio, le peuple birman attendait une prophétie :
« Birmans, birmanes, c’est avec une joie et une grande fierté que je me tient devant cet assemblée valeureuse pour vous remercier de la confiance et l’attachement que vous avez accordé à ma modeste personne, de sorte que je ne pusse jamais sentir ma fatigue dans mes devoirs, ni ma douleur dans mon sacrifice.
Aujourd’hui, plus que jamais, notre pays a avancé en termes de tolérance et d’acceptation de l’autre et ce jour m’a trouvé dans des circonstances où, je n’ai qu’une chose à partager avec vous. Ce n’est ni un bilan, ni un conseil, ni des au revoir mais je vais vous prouver votre capacité à choisir un leader sans distinction de race, de couleur et de religion, et de vivre en harmonie dans la paix, et ne pas être sous les projecteurs des médias qui firent de notre terre la bête noire des Droits Humains : demandez-moi comment je vais vous le prouver : vous m’avez élu sur la base s’un programme et d’une foi en un projet national de grandeur et de développement, vous m’avez élu en adhérant à des idées et des convictions et non à une religion, ou un ethnie ? Dites-moi si vous l’avez regretté ? Un grand « non » s’éleva dans la foule ! Vous l’avez fait alors que, alors que, alors que, ma femme est une Bamar Boudhiste, je suis un rohingyas musulman ». (14 milliards d’yeux s’écarquillèrent !!!).
Ils ne savaient pas que c’est impossible, ils l’ont fait !
Décidément, « les différences se rencontrent, s’ajustent, s’opposent, s’accordent et produisent de l’imprévisible » et pour glisser sur la même pente qu’Edouard Glissant j’ajouterai qu’elles conjuguent les utopies audacieuses et les folies inconcevables et vraisemblablement irréalisables au temps du possible, à la personne de l’acceptable pour donner les terminaisons de l’humanisme.
@Patherson
Silence des rimes
[1] Village dans le Rakhine, au Nord de la Birmanie
[2] Nom de l’armée en birman
[3] Environ 48.625 FCFA
[4] Ensemble de rites et coutumes dans les monastères
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