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Flambeau d'un siècle : épisode 1


Un destin d’artiste tissé sur un carré d’armes


Le Prytanée militaire de Saint-Louis est un établissement d'enseignement secondaire sénégalais dépendant du ministère des forces armées et situé à Saint-Louis. Ecole d'excellence créée en 1923, 2023 marque le siècle d'existence. Dans la série "Flambeau d'un siècle", un AET raturier à ses heures perdues vous partage quelques lignes. Les anecdotes sont selon un regard personnel et ne prétendent en rien résumer l'histoire d'un enfant de troupe.


Aujourd’hui, je suis parvenu à jouir d’une certaine familiarité avec la scène, et la prise de parole en public. Soit dans le déguisement du slameur, soit dans celui de l’orateur.

Il fallait un début à tout cela. Je vous passe un petit passage du film.


C’était un vendredi soir, on le vit une fois et on ne l’oublie jamais. Les flambeaux domptaient l’obscurité et les macarons attendaient, impatients, pour dessiner sur nos têtes la suite de la constellation. Gloire !

Je vous partage le récit, depuis le commencement. Il était une fois, un genou à terre.

C’est le Prytanée qui a transformé le garçon timide que j’étais pour le présenter à la scène. Je commençais à me découvrir sous plusieurs facettes et divers personnages. En classe de seconde, je jouais dans la pièce « The Road » incarnant le rôle d’un vieux mécano : Koto. Je fis ma première apparition sur la scène de la "salle ciné", lors de l’ouverture du gouvernement scolaire.

Mais est-ce que c’est vraiment Pathé ? commentaient mes “promos” le lendemain matin. Ce fut bien surprenant, il faut reconnaitre.

L’année suivante, j’incarnais deux personnages emblématiques dans la troupe théâtrale de l’école.

Le Roi Alboury dans l’Exil du roi Alboury et le Capitaine Charles N'tchoréré, dans la pièce éponyme. Le théâtre m’a permis de m’explorer, d'entendre les voix et les énergies qui dormaient en moi. C’était le premier cours de développement personnel. A côté de deux artistes, M. Samba et M. Cissé, respectivement professeur de français et d’anglais au Prytanée Militaire de Saint-Louis.

Je me rappelle encore la réaction d’un adjudant de Brigade à l’époque lorsqu’il apprit que j’étais le capitaine et que je serai sur scène. Il écarquilla les yeux, et jura presque que c’était impossible. Encore pour lui, le petit si timide ne peut pas être le personnage principal au milieu du carré d’armes.


7 juin 2015, présentation de la pièce "Capitaine N'tchoréré" lors de la journée du parrain


C’est cela la magie de l’art. Il aide l’Homme à se découvrir, à transcender ses limites. Et oui, effectivement, dans la tenue du capitaine, je me sentais souvent comme un surhomme, quelque chose de grand m’habitait. L’aura du moment dépassait l’enfant que j’étais. Je savais juste surfer dessus. N’est-ce pas Lieutenant Vincent? C’était quand même stressant d’être l’héritier du charismatique Turpin.

A côté du théâtre, c’était le « Débattons ». Nos joutes oratoires contre les lycées de Saint-Louis m'ont appris à faire face à l'adversité et à être élégant dans la compétition. En effet, après ces tournois, nous gagnions aussi des amis.

Cette vie associative prenait une belle place dans nos quotidiens et ne nous empêchait guère d'avoir de bons résultats durant les examens et concours. C'est cela le charme aussi du PMS. On y voit des majors de classe être les meilleurs buteurs des tournois de football.


Je tenais à raconter cette partie de mon adolescence au Prytanée car il est nécessaire de rappeler qu’on n’apprend pas seulement entre quatre murs.

Tout récemment, une mère m’a appelé, et m’a confié son vœu de laisser ses enfants faire le concours d’entrée mais avec une inquiétude sur la voix: auront-ils une vie? Pour elle, l’enfant de troupe passe sa vie les yeux vissés sur les cahiers et les livres. Mais je vous rassure, en sept ans, on se taille des vies. Elève, comédien, musicien, frère (ici c’est une compétence, (voir épisode 2), dragueur-charmeur - la tenue a son impact, - sportif, et croyant. Croyant? Savoir y croire quelle que soit la situation est un talent chez nous. Nous avons prié pour l’avoir dans la besace. Mais mon Dieu/ Donnez-moi foi, force, courage/ Afin que je puisse m’instruire pour mieux servir. Et d’autres vies encore… Amen


Ce passage n'est qu'une petite parenthèse sur tout ce que je peux raconter par rapport à mon aventure au Prytanée. Il y a encore des hectares d’anecdotes.

Mais aujourd'hui, je célèbre le fait de mettre de la conscience sur l’idée que la polyvalence est une forme d'excellence. En nous enseignant à grandir dans la fraternité, ce moule nous pousse à être brillants dans l'humanité. D'ailleurs, sans humanité, le verbe « servir »dans notre devise perdrait son sens.

Mon école a cent ans, combien de vies a-t-elle fait? Combien d'autres auront-elles impacté?

Cent bougies sur le macadam, réitérer le vœu de savoir pour mieux servir. Avec une magie: demeurer enfant. On ne grandit jamais...

Un siècle d'histoire...des tonnes à dire et à montrer. Pourvu que nous demeurions des hommes utiles.



Flambeau d'un siècle : épisode 1 : Un destin d’artiste tissé sur un carré d’armes

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