Des "Si" s'élancent...

Mystérieux Silence !

Le silence n’est pas absence de mots, il n’est ni consentement, ni non plus refus. Le silence est un discours inaudible car il suscite le doute et pousse à s’interroger et se poser des questions. Il peut faire sourire et susciter la crainte, mieux il nous emporte dans le climat glaçant du suspens.

Le silence… est un discours dont on ne prend pas le risque de classer, car il est le refuge où viennent s’enterrer toutes les manifestations de l’émotion que le mot ne peut décrire, que la voix ne peut décrier, que le regard décèle sans pouvoir exactement le sonder. Le silence…

Il sort de l’encastrement de l’espace et du temps, du tiraillement entre le sensible et l’intelligible, pour se loger quelque part que je ne sais ! Quelque part entre l’âme et le cœur et où le cerveau et la langue restent des feuilles dans l’arbre à palabre. Je prends ce risque.

Le silence est la première description de l’âme car il est mystère, le premier confident du cœur car il est discret, il est le récipient des mesures de l’Homme car il est hystérique, déroutant, maladroit, mal poli, discipliné, bruyant, calme, erratique, limpide, trivial, prépondérant car il est vie, mort, idéal pour venir de manière surprenante inviter larmes et sourire. Ce silence…

Le silence est le coupable le plus innocent car on ne sait de quel chef d’accusation le charger, le remplir pour le condamner. Mais il est aussi l’innocent le plus coupable car on ne peut déchiffrer sa plaidoirie, sa version des faits, s’il confesse ou nie.

Il peut être cette écologie de l’âme dans le havre de la paix ou le bellicisme d’un cœur lâche, la sérénité du courage ou juste l’appel au secours inaudible de l’Homme qui agonise. Il est même le cri de ce guerrier qui demande aux charognards d’honorer son corps de martyr au champ de bataille après l’honorable mort. Silence…

Finalement il est terrible car il se libère et nous confine dans des considérations sans confirmations, des devinettes sans solutions, des jugements sans contentieux.

Cependant le silence n’est pas un problème mais il l’est devenu depuis que les hommes ont voulu créer un contenu que le silencieux n’a pas donné à son silence, en faire selon les circonstances respect, indiscipline, éloquence, timidité, folie, solitude. Bref, ce fut une erreur de le classer comme code de conduite car il a sa propre conduite. Silence !