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Photo du rédacteurPatherson

Cette mosquée donne une leçon : la réinvention de nos leviers économiques.

Bienvenue au pays où quand il faut parler de quelque chose touchant à la religion, non à la confrérie, il faut faire très attention, arrondir les angles pour ne pas piquer, soigner ses mots pour ne pas déranger, être prudent pour ne pas recevoir l’averse de colère de toute une communauté. Ici, il faut le dire, face à certains interlocuteurs, on serait mieux à l’abri de parler de l’Islam que de parler des confréries, même si celles-ci ne sont que des déclinaisons, des chemins dans la religion. Quand on touche à la confrérie, il faut bien penser l’angle sous lequel on le fait, n’est-ce pas Jean Michel Cadenas ?

On ne peut pas défendre un habitué des pics contre l’Islam et si on devait répondre à cette assertion un peu maladroite, du moment où il a fait de la Mosquée Massalikoul Djinane un emblème contre l’occident, on lui dira juste de parler d’abord des millions d’euros pour la réfection de la cathédrale de Paris alors que les gilets jaunes peignent d’amertume les rues de cette capitale. Et c’est par fierté envers ce qu’ils sont que les Mourides ont construit avec tant d’abnégation cette mosquée, cet emblème est pour l’Islam, et n’a pas d’espace pour diffuser la haine.

On ne devait même pas répondre aux turpitudes d’un borné.

Toutefois, il y a un autre angle sous lequel on devrait analyser ce genre de propos pour ne pas rester au pied du mot, ne pas être emporté par les émotions et poser un débat scientifique.

En effet, si une communauté au Sénégal peut construire une Mosquée coûtant 30 millions d’euros sur fonds propres, c’est parce qu’il y a quelque part en ces sénégalais, s’ils le veulent, la volonté de réaliser des choses énormes sans attendre l’aide au développement.

Selon les statistiques de l’ANSD en 2015, la communauté mouride représentait 31,9% de la population sénégalaise. Si nous pouvons réaliser des patrimoines gigantesques avec cette communauté, nous pouvons quand même compter sur l’ensemble des sénégalais, sur leur patriotisme, leur détermination à voir leur pays se développer, pour épargner à nos dirigeants la mendicité, pour dire non à la FMI, la Banque Mondiale et décoller avec nos propres ailes.

On me dira certainement le mobile qui justifie cette ferveur est celui de la foi. Mais il est important de rappeler qu’à côté de nos convictions religieuses et appartenances communautaires, nous sommes des citoyens qui rêvons tous d’une nation qui brille sur la scène internationale sur tous les plans. Heureusement, le Guide du Mouridisme a fait un geste qui conforte ces propos. En 1930, Serigne Touba avait donné 500.000 Francs pour éviter la dévaluation de notre monnaie. N’avait-il pas servi son pays sans attendre qui que ce soit ?

En outre, selon le rapport publié par Banque mondiale en 2017 et intitulé «Migrations et envois de fonds : développements récents et perspectives» (Migration and Remittances : Recent developments and outlook), le Sénégal a reçu de sa diaspora un montant de 2 milliards de dollars (soit plus de 1000 milliards de francs CFA). Cela me pousse à dire que le pays a besoin de plus d’organisation et de planification pour mieux gérer ses fonds générés par les sénégalais pour qu’ils servent aux sénégalais et par conséquent choisir notre trajectoire sans être soumis à la volonté des bailleurs de fond ou des puissances étrangères. Dans ce contexte, la notion de puissance devient même relative.

Par conséquent, je pense que nous devons politiser ces mécanismes pour mieux en profiter. Nous ne voyons pas la nécessité car nous voulons nous développer avec les modèles économiques, sociaux et politiques des autres et oublier nos leviers endogènes.

Mais en vérité, même avec les accents religieux, tout est politique. Si une université de 37 milliards de francs CFA est en train de sortir de terre c’est pour servir une politique éducative, pour encadrer une jeunesse assoiffée de repères.

Alors, les communautés confrériques sont libres de dépenser leur argent comme ils le veulent, et on est d’accord, c’est à l’Etat d’assumer toutes ces missions régaliennes certes, mais ne sont-elles pas des bases économiques plus efficaces que les investissements directs étrangers pour financer les projets éducatifs, sanitaires et d’assainissement du pays ?

Je crois que oui, car ces communautés sont organisées et veulent tous voir leur pays se développer.

Nous avons dans le pays les sources pour réinventer notre économie, sans nous inspirer des modèles économicistes, capitalistes qui favorisent l’exploitation de l’Homme par l’Homme et la compétition, alors que la démarche de l’entraide et de la cotisation portée par les communautés religieuses reste un modèle économique plus humain et capable de réinventer l’économique et le social dans le pays. Loin de ce développement par la main tendue.

Partant, ravi ai-je été d’ailleurs, d’apprendre que les Tidjanes feront leur « Khadaratoul Jumah » dans la Mosquée Massalikoul Djinane lors de son inauguration.

Plus qu’un bien pour une communauté indiquée, la voilà patrimoine national, un sceau sur notre cohésion nationale. Même les chrétiens l’ont mis en statut.

Le Sénégal est beau, il n’y a pas de cadenas entre les communautés.



Patherson

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