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Béatrice Maryline Sagna

"Battements de choeur": trois points de LIEN

Note de l'auteur: "un livre trouve une vie de plus à chaque rencontre avec un.e vrai.e lecteur.trice. Je me suis rarement senti aussi bien lu, j'ai rarement reconnu mon texte autant habité. Merci Béatrice pour ces coeurs tissés, pour l'espoir, pour la littérature, pour le lien. Pour ce titre offert, j'ose ne jamais donner le mien, puisque le tien me suffit. Largement et poétiquement. "


J'AI ÉCRIT UN ROMAN, JE NE SAIS PAS DE QUOI ÇA PARLE...

Roman

Collection : Harmattan Sénégal

Une note de lecture de Béatrice Maryline SAGNA



Provocateur, piquant, moqueur (« J’eudoreuh »), sagace, touchant, visionnaire, engagé et engageant, je perçois ton roman comme un clin d’œil au LIEN qui unit (ou devrait unir) l’Humanité. Soustrayant le je sans complètement l’annihiler, postulant le nous sans complètement le confirmer, multipliant les piques là où la peau est la plus sensible, additionnant les rêves dans la construction d’une vision qui se refuse à confondre Valeur et valeurs, École et écoles, Vie et vies.

Dans les trois points de suspension du titre du roman, réside tout l’espace dont nous disposons pour créer du LIEN. Est-ce cela dont parlait ton roman ? De ce que la main ne peut saisir et de ce que les yeux ne peuvent contempler ?

Charlotte Gaïnde dite Tchinguez est-elle l’incarnation de ce LIEN que nous tissons avec l’Autre avec lequel nous faisons Humanité, dans la vie et la mort, le silence et le bruit, la maladie et la guérison ?

Charlotte Gaïndé dite Tchinguez est-elle l’incarnation de ce LIEN que nous tissons avec l’autre dont les soubassements pourraient être une sensibilité assumée, une langue partagée, une rencontre avec soi-même comme antichambre des rencontres en devenir ?

Charlotte Gaïndé dite Tchinguez est-elle l’incarnation de ce LIEN que nous tissons avec l’autre; qu’il ait un nom, qu’il soit sans-nom ou que son nom semble a priori incomplet ?

Charlotte cristallise tant de luttes et tant de victoires, ce n’est pas pour rien si elle est une femme, pas pour rien si elle est orpheline, pas pour rien non plus si elle est chrétienne, pas pour rien si…, la liste est longue.

Chaque étape de sa construction a été le fruit d’un LIEN heurté ou fécond, mais d’un LIEN quand même qui ne demande qu’à EXCELLER dans ses tentatives pour nous aider à faire monde.

Sur le plan du style, je ne suis pas restée indifférente :

Aux anaphores (« Tu te rends compte », « Vois-tu », « Jurer ») mêlant constatations, réflexion et projection.

Au rythme de mots appuyés par un jeu de consonnes et de voyelles (« dessins et desseins », « penser et panser », « on gère, on digère », « unis et uniques ») et le recours si efficace au triptyque (« bouillonne, ronronne, détonne », « enfiévrée, excédée, irritée », « manque de planification, beauté de l’imprévu, surprise de l’inespéré »).

A l’enchaînement des questionnements pressants : « Comprends-tu ? », « Sais-tu ? », « Ressens-tu ? », « Acceptes-tu ? », « Où allons-nous ? » comme un rappel à ne pas se dérober devant l’essentiel ;

A la juxtaposition continue des événements heureux et plus graves : la mort, la peur, la perte côtoient l’amitié, l’amour, la bienveillance ; la condition d’esclave sans autre horizon que le ciel laisse place à la vision qui émeut son porteur, transcende toutes différences basées sur le genre, la religion, les origines et teinte l’horizon nuageux en mille déclinaisons d’espoir.

Je salue le recours aux références littéraires, historiques, linguistiques.

Je termine par le début en répondant positivement à l’invitation de donner un titre à ce roman. J’opte en ce sens pour « Battements de chœur ». Sur chaque parcelle de la Tanière kémite, des cœurs battent le macadam en un chœur imparfaitement coordonné.

Cœur d’Utando, village de pêcheurs,

Cœur du couvent de sœur Dibor,

Cœur de la maison des Diokhané,

Cœur de la rue dans ce qu’elle peut avoir de rude, d’absurde mais aussi dans l’infinie espérance qui l’habite,

Cœur des carrefours en ébullition dont Baye Modou contribue si fondamentalement à l’éveil et au réveil,

Cœur du car rapide, réceptacle des passions et des raisons, on y égrène des mélancolies, on y décline des exaltations, on y façonne des ambitions.

Tous ces cœurs forment un chœur, lequel est un témoin éminent et structurant du LIEN qui nous lie, toujours à réinventer, toujours à construire, toujours à parfaire.

Chaque battement du cœur d’Iba, de Moussa, de Mère Ndekki, de Birane, comme une invite à relancer, interroger, penser, la nature et la fonction de ce LIEN.

Cet ouvrage ne saurait laisser le lecteur indifférent.


On y parle des vraies gens, de vraies vies, de concret, celles qui devraient occuper les devants de la scène et jouer les premiers rôles. J'ai été touché par les trajectoires de personnages, m'identifiant tantôt, prenant mes distances en d'autres occasions, mais jamais indifférente.

Quand ce LIEN sera-t-il définitivement scellé ? Le jour où je te demanderai « comment vas-tu ? » attendant sincèrement ta réponse ?

En attendant ce jour, ma gratitude au Divin qui a voulu que ce soit en ce jour si particulier que je lise ton roman.

Merci cher ami pour ces 237 pages de pérégrinations en Tanière kémite,

Merci pour ces 237 pages de Jariñ,

Merci pour ces 237 pages de dignité et d’élégance,

Merci pour ces 237 pages de (vraies) vies,

Merci pour ces 237 pages de LIEN.



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