Nous faisons souvent le choix de nous positionner du côté de la liberté et de la vérité. Contribuer à notre manière dans un contexte qui ne laisse personne indifférente. Toutefois, nous, du moins, je ne le fais pas par injonction venant d'une tierce personne mais par devoir, sens de la responsabilité et surtout par la promesse que je me fais en tant qu'écrivain: être humain et utile.
L'écrivain peut avoir bon dos, bouc émissaire facile pour recevoir la bile de la colère aux côtés des bourreaux, mais je crois que l'écrivain s'engage pour lui-même d'abord car il ne doit pas oublier qu'il est avant tout un citoyen, mais, disons-le, il ne vous doit rien, et donc sa liberté de posture est sans concession tant qu'il est dans l'art. Dans ce pays, il est simple d'en faire des "collabos" et des "vendus", des "lâches" et des "déserteurs".
Jury tapi derrière un clavier
De quelle toge vous revêtez-vous
Pour vous donner le droit
De distribuer des coupes à ceux que vous jugez engagés
Et d'envoyer à l'échafaud, ceux qui à vos yeux, le silence vaudrait lâcheté,
Abandon du peuple?
Et ceux que vous adulez, ne seraient-ils pas aussi fins manipulateurs que les saltimbanques du palais et ceux qui le convoitent, en étant que des héros par opportunisme? Une question.
Je ne serai pas du côté du peuple si "être du côté du peuple" tel que le désigne les connectés, est un label distribué par des juges de la morale derrière un clavier, des personnes qui s'auto-proclament baromètres de la citoyenneté ou unités de mesure du niveau de nos amours et de nos obsessions pour la patrie.
La "Hashtaguisation à outrance" tend à vider beaucoup de choses de leur sens.
Le rôle de l'écrivain ne se sépare pas de devoirs difficiles disait Camus, mais dans tout cela, la condition dans laquelle nous exerçons ce métier pour certains, ce travail à temps partiel ou même un simple hobby pour d'autres, c'est la liberté de faire un choix, lequel est individuel et ne donne à personne le privilège de le juger. Le critiquer, oui, mais dans le respect.
Mais pour que la démarche soit sincère, il ne faudrait pas que cela s'inscrive dans l'envie de cocher des cases, de saisir des breloques, d'être le chouchou temporaire de gens aptes à censurer, à juger, à vouer aux gémonies, à insulter, à cracher sur vous sans vous avoir lu.
Je ne prétends pas faire une leçon sur le rôle de l'écrivain en temps de crise ou comment on devrait interpréter son travail, mais si je dois partager ma promesse du soir c'est que je ne peux pas me permettre le luxe de fermer les yeux sur ce qui se passe dans mon pays, le monde et mon temps. J'ai choisi donc de mettre ma plume au service d'une cause. Mais cela ne sera pas pour toutes ces choses éphémères, déjà en route vers l'archipel de l'oubli encore moins pour des caprices de révolutionnaires de claviers.
Enfin la littérature ne sert à rien, mais essayons de nous en débarrasser...
Comentarios