
Selon l’article 12
J’ai beaucoup tué dans ma vie. De sang-froid. Sans remords. J’ai versé le liquide précieux de ces êtres vivants et cela ne m’a pas empêché de dormir. Comme un bébé.
Je ne l’ai pas fait par méchanceté, mais pour leur éviter d’être piétinés par la haine et pulvérisés par l’acide de la rancune, du cynisme, de la cupidité. Quelle mort tragique!
Je n’ai pas tué ces innocents aussi pour une quelconque vengeance, car la vengeance est un plat qui ne se mange pas, alors je l’ai bu. Je ne me suis pas pris à la vie à cause d’une haine présente, fumée d’une souffrance passée, mais parce que, peut-être aurai-je une fausse idée de ce qu’est le pouvoir.
L’amalgame que je fais entre le pouvoir de et le pouvoir sur, a pu me faire oublier que je ne peux rien. Mea culpa, mea maxima culpa. J’ai tué plusieurs fois dans ma petite vie. Beaucoup de crapauds…
« La séance est levée »
Ah non, M. le juge, point ne suis-je en train de confesser un crime contre la respectable race des crapauds, laissez-moi continuer ma phrase, votre honneur.
« Procédez »
Beaucoup de crapauds sortirent de la fourmilière avec des cadavres de fourmis. Je vous demande M. le juge de condamner les responsables de ce geste abominable pour violation de domicile, meurtre, détérioration de biens matériels et deux sacs de mil en amende pour la famille des éplorées, et un carton de sucre pour Sa Majesté la Reine.
Si vous en avez perdu le code pénal des fourmis pour n’en garder que votre latin, enlevez la toge.
Selon l’article 12 du Code Pénal des fourmis.
Patherson